Autrefois, si.
J’avais même tellement peur de la mort que je me réveillais
en sursaut la nuit et dévalais les escaliers au moindre bruit pour me glisser
dans la chambre de ma mère et la regarder respirer calmement.
C’est ironique. Quand on a peur de la mort, on est très
éveillé. On scrute l’autre jusqu’à devenir son oiseau de malheur à lui, en lui
rappelant sa mortalité par nos regards effrayés. Ma mère détestait lire au fond
de mes yeux l’angoisse que son état de santé provoquait chez moi.
J’ai eu ce même regard affolé et pressant lorsqu’elle s’en
est allée. “Maman ! Respire !” voulait-il hurler. Un cri, et l’effondrement.
Aujourd’hui je n’ai plus peur de la mort. Je lui tendrai
même les bras le jour venu. Si les morts se retrouvent entre eux, je serai auprès d’elle. J’attendrai souriante peut-être le reste de ma famille. Si la
mort n’est qu’un passage douloureux, une souffrance, un trou béant, je
souffrirai comme elle, braverai la mort aussi, ou bien rejoindrai le vide. Je
me fiche de ce qu’est la mort. Je veux juste passer par les mêmes affres que ma
mère. Ainsi où qu’elle soit, quoi qu’elle soit devenue, et même si elle n’est
plus rien, elle se sentira moins seule.
Je n’ai jamais appris à vivre sans elle. Aujourd’hui, ce
n’est plus de la mort que j’ai peur,
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