mercredi 21 novembre 2012

Ne pas vivre c'est insulter les morts

Ma vie doit changer.
Je suis éveillée en pleine nuit et c'est une injonction viscérale qui me hante. Je ne peux pas continuer à ignorer sans cesse ma propre existence. Je regarde filer les jours sans prendre part au brouhaha général. J'observe et j'agis comme un pantin. Je traîne un masque depuis si longtemps... Je cache mon désarroi et mon renoncement, feignant la vie quand tout est mort en moi. Ou bien peut-être pas ?

Il ne faut plus attendre. Attendre c'est oublier de vivre. On ne ressent plus le quotidien, comme sous anesthésie ou sous antidépresseurs, on flotte dans l'expectative du prochain semblant d'allégresse.







Ma mère me connaissait si bien...
Je pleure moins souvent. Mais cette chanson reste. "Ecoute-bien les paroles" m'avait-elle dit quand j'étais si loin de tout et de tous. J'étais en stage à Pékin, une ville infinie aux millions de visages vides. J'avais trouvé en cet homme, un américain de passage, un refuge contre la solitude. Chacune de nos rencontres faisait battre mon coeur et créait des souvenirs qui comptent quand on retrace sa vie. On ne raconte jamais l'ennui, on parle seulement des sommets et des creux. Ainsi, plus on se hasarde à la passion plus on vit peut-être...

Maman... Te souviens-tu comme j'avais besoin de toi là-bas ? Je te racontais toutes mes déconvenues. Toi seule étais capable de donner un sens à ce que je vivais. Une direction aussi bien qu'une signification. Et les paroles de cette chanson que tu aimais tant semblaient résonner avec mon destin. Je n'avais pas réalisé alors à quel point elles pouvaient résonner pour toi aussi, au même moment et plus tard. A cette époque, je l'écoutais en pensant à David. Et puis, quand tu es tombée malade, je n'ai plus pensé qu'à toi.
La force qui en émane, c'est toi. La Corse dans ce qu'elle a de plus admirable. Quand je pense à ton tempérament brûlant, je pense à la fierté de cette île de t'avoir vue naître. Et cela me rend triste aussi, me rappelant la douleur de tes derniers instants.
Dès les premières notes ton visage apparaît. Très légèrement penché. Ce sont tes lèvres que je vois le mieux, leur petit creux juste au milieu. Ta façon de ramener délicatement ta main à ton visage. J'ai si peur que tout cela disparaisse...

Et quand les larmes viennent, quand je ne tiens plus, c'est cette photo qui me happe. Elle qui dit tout.




Je sais que tu n'aimerais pas la voir ici. Mais qui à part nous nous reconnaîtra maintenant ? 
Je te dois tout et je t'aime.


Ne pas vivre, c'est insulter les morts. 

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